La courbe du chômage n’est toujours pas inversée à la fin de l’année 2013, comme l’avait promis François Hollande. Après la baisse de 20 500 demandeurs d’emploi enregistrée par Pôle emploi en octobre, le nombre de chômeurs sans aucune activité (catégorie A, celle qui permet des comparaisons avec les autres pays) est reparti à la hausse en novembre de 0,5 % (+ 17 800). À la fin du mois dernier, la France métropolitaine comptait 3 293 000 chômeurs. Le chômage des jeunes remonte pour la première fois depuis six mois.
L’objectif très politique que s’est fixé François Hollande au début du quinquennat n’est donc pas tenu, même s’il faudra attendre fin janvier pour savoir la réelle tendance sur les trois derniers mois de 2013, les données mensuelles de Pôle emploi étant particulièrement volatiles.
Une volatilité mise en avant par Michel Sapin dans son communiqué pour justifier le mauvais chiffre de novembre : « Ainsi se manifeste, une fois de plus, la volatilité de cet indicateur d’un mois sur l’autre, particulièrement dans les périodes de retournement comme celle que nous vivons. » Le ministre du Travail préfère donc observer les chiffres sur plusieurs mois : « Alors que le chômage progressait d’environ + 30 000 par mois en moyenne au 1er trimestre 2013, il progressait de + 18 000 par mois en moyenne au 2e trimestre, puis de + 5 500 au 3e trimestre. Sur les deux premiers mois du 4e trimestre (octobre et novembre), l’évolution est à la baisse de – 1 350 en moyenne par mois. » Ce qui lui permet d’affirmer, tout comme le président de la République dans un communiqué, que « l’inversion de la courbe du chômage est bel et bien engagée en ce quatrième trimestre de 2013 ».
REGARDEZ Michel Sapin confirme l’inversion de la courbe du chômage :
Michel Sapin peut se consoler en observant que la hausse de novembre s’accompagne d’une baisse limitée de 0,1 % sur les catégories A, B et C, c’est-à-dire quand on inclut ceux qui ont exercé une activité très réduite au cours du mois. Pour faire bonne figure, le ministre a aussi insisté, au cours d’une conférence de presse inhabituelle, sur la hausse de plus de 11 % des offres collectées par Pôle emploi, y compris celles d’emplois de plus de six mois. Un signe, selon lui, que « quelque chose se passe ».
Mais Michel Sapin a beau positiver tant qu’il peut, le mauvais chiffre du mois de novembre montre que la tendance à la baisse n’est pas au rendez-vous. L’activité est à l’évidence insuffisante pour faire reculer durablement le chômage. Dans sa dernière note de conjoncture publiée la semaine dernière, l’Insee anticipe certes de la croissance, mais une croissance atone. Celle-ci progresserait de 0,4 % au quatrième trimestre de 2013, mais de seulement 0,2 % au premier et au deuxième trimestre 2014. Résultat, dans le seul secteur privé non agricole, l’Institut prévoit seulement un ralentissement des destructions d’emploi à – 7 000 sur octobre-novembre-décembre de cette année, contre – 16 000 en juillet-août-septembre, puis – 4 000 au premier semestre 2014 sous l’effet des emplois aidés.
L’emploi total augmenterait certes de 36 000 postes au premier semestre 2014 (après + 52 000 au quatrième trimestre 2013), mais presque entièrement (33 000) grâce au secteur non marchand (collectivités territoriales, associations loi 1901…), lui-même « porté essentiellement par les contrats aidés ». C’est trop peu pour permettre d’inverser le taux de chômage rapporté à la population active (+ 113 000 personnes entrent sur le marché du travail) calculé trimestriellement par l’Insee, malgré les emplois aidés. Sur la France entière, l’Insee s’attend à le voir franchir la barre des 11 % d’ici à la fin du premier semestre…
Encore plus grave, un des derniers indicateurs publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) confirme que les entreprises ne sont pas en position d’investir massivement. Leur taux de marge est tombé à 27,7 % de la valeur ajoutée au troisième trimestre, en recul d’un demi-point. C’est le taux le plus bas depuis… 1985. Or le taux de marge, c’est l’indicateur de ce qu’il reste à l’entreprise pour éventuellement investir une fois ses frais – de personnel notamment – payés. Sur la même période, le taux de chômage calculé par l’Insee avait d’ailleurs encore progressé de 10,4 % de la population active à 10,5 % en France métropolitaine (10,9 % avec les départements d’outre-mer). « Tout doit donc être fait pour soutenir la croissance économique, notamment l’investissement des entreprises », avait commenté François Hollande lors de la publication des chiffres du chômage de Pôle emploi en octobre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas gagné.
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Source Article from http://www.lepoint.fr/economie/francois-hollande-echoue-a-inverser-la-courbe-du-chomage-26-12-2013-1774514_28.php
Source : Gros plan – Google Actualités
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