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Ses valises sont prêtes, mais le coeur n’y est vraiment pas. Dans quelques heures, Elisa quittera son doux nid de Brisbane, six mois déjà après son arrivée dans le Queensland. L’été dernier, la Jurassienne avait brillamment passé les étapes de sélection du concours « Best job in the world » organisé par le ministère du Tourisme australien pour promouvoir le visa « vacances travail ». « Je ne réalise pas encore que c’est la fin, confie-t-elle, nostalgique. J’avoue que je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais cette expérience aura définitivement été inoubliable, incroyablement intense. » Si son contrat de park ranger (garde-nature) est désormais terminé, elle ne compte pour autant pas quitter l’Australie de sitôt. Ledit visa étant valable un an, elle se lancera dès son départ dans un road trip autour du pays : « Mes rencontres ont débouché sur des collaborations, qui vont me permettre de voyager gratuitement en échange d’une production de contenus sur mon blog. Je commence par la Tasmanie ! »

Plages, ornithorynques et aborigènes

Il y a trois mois, au tiers de son parcours, nous avions retrouvé une jeune femme comblée, parachutée dans un « zoo sans barrières ». Élisa, qui s’apprêtait alors à rejoindre le sud de l’État, avait exploré des endroits aussi variés que la grande barrière de corail, la forêt tropicale ou l’Outback (arrière-pays). Intensive, l’expérience lui aura au total permis de parcourir près de 9 000 kilomètres, visiter 25 îles et 57 parcs nationaux, câliner 25 koalas et rencontrer 2 678 kangourous, ou encore discuter et apprendre aux côtés de 177 rangers. « En toute honnêteté, c’était le job qui me correspondait le plus (il y en avait six à pourvoir, NDLR), concède-t-elle. Organiser des soirées dans les boîtes de nuit de Sydney, ce n’était vraiment pas ce que j’avais envie de faire. Je voulais être proche de la nature, et je ne pouvais pas être mieux servie que dans le Queensland. »

Éblouie par les plages de Whitehaven, qu’elle avait contemplées de longues heures sur son ordinateur avant de réaliser ses rêves de « sable si blanc et de couleurs magnifiques », Élisa retiendra aussi tout particulièrement sa rencontre, d’un tout autre genre, avec un guide aborigène du nord du pays. « Maxime (son copain, autorisé à l’accompagner) et moi avons passé plusieurs heures avec lui dans la forêt, où un Blanc mourrait au bout d’une semaine. Il nous a enseigné des techniques de survie, riches en explications et en traditions. » Sensible aux questions environnementales et dingue d’animaux, elle aura également eu l’occasion d’approcher de près une faune insoupçonnée. « Je suis devenue la marraine d’un koala, raconte-t-elle, encore tout émoustillée. Malheureusement, ils ne voulaient pas que je le ramène avec moi ! » Casoars, ornithorynques, tortues géantes et wallabies auront également égayé son séjour : « Et puis il y a les opossums… En Nouvelle-Zélande, où j’ai vécu, on les écrase. Mais ils sont trop mignons ! »

VIDÉO. Le spot « bilan » des six mois d’aventure, tourné en « stop motion ».

Hausse sensible du tourisme

Très loin de Paris et de son agitation, Élisa et son copain ont parfois passé leurs nuits perdus au milieu de nulle part, seuls dans des parcs nationaux ou sur des îles inhabitées. « Quand on pense à l’Australie, on imagine un pays ultra-développé. Mais être ranger, c’est aussi être à l’isolement. Le cadre de vie est idyllique, mais je ne crois pas que je pourrais y passer toute ma vie. » À Noël, les deux amoureux ont été rejoints par leurs parents respectifs, avec qui ils ont passé les fêtes de fin d’année « les pieds dans l’eau ». La Jurassienne, qui recevait chaque mois des colis de « fromage et de chocolat suisse », a parfois eu le mal du pays et, paradoxalement, du froid. « J’étais un peu nostalgique de l’hiver, raconte-t-elle. C’est comme si mon corps était programmé, je ressentais le besoin de ressortir l’anorak et de me blottir au coin du feu. » À défaut d’un bonhomme de neige, elle aura eu une structure de stable, « moins facile à bâtir ».

Pour autant, c’est bel et bien l’amour de ce pays, qu’elle n’est pas pressée de quitter, qui a pris le dessus. Ambassadrice de choix pour le Queensland, elle a réuni plus de 16 000 fidèles sur les réseaux sociaux et s’est attiré les louanges de la ministre du Tourisme en personne : « Elle m’adore, et est presque devenue une amie », se réjouit la jeune femme de 29 ans, chaudement félicitée lors de son pot de départ. À l’affût de ses « best job awards », où elle s’amuse à classer ses meilleures aventures, les locaux se réjouiront certainement de la hausse sensible du tourisme dans la région pendant son séjour. La ministre a annoncé 8 % de visiteurs français supplémentaires entre janvier et septembre 2013, et une hausse de 15 % du nombre global de touristes. La mission et ses retombées médiatiques auraient également rapporté près de cinq millions de dollars australiens (plus de trois millions d’euros) de publicité au Queensland. De quoi donner du crédit à l’exploratrice, pleine de projets : « J’aurais beaucoup de mal à retrouver un travail dans un bureau cloisonné. Je réfléchis à l’idée d’écrire un livre, et suis ouverte à toutes les propositions ! Mon rêve serait d’avoir ma propre émission à la télévision… » À bon entendeur.

© Maxime Coquard

Source Article from http://www.lepoint.fr/insolite/best-job-in-the-world-elisa-ambassadrice-de-choix-pour-l-australie-07-02-2014-1789109_48.php
Source : Gros plan – Google Actualités

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