Sa voiture l’attend devant le QG de campagne du boulevard Henri-IV, près de la Bastille, dimanche 16 mars : une Bluecar électrique « zéro bruit zéro odeur », dessinée par Pininfarina pour Bolloré – la sœur de l’Autolib’. Anne Hidalgo s’engouffre dans le petit véhicule bleu marine avec Scout Tufankjian, la photographe américaine qui a immortalisé la campagne d’Obama, venue à Paris pour la suivre, du 7 au 17 mars. Direction le 15e arrondissement.
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C’est une candidate de combat qui vient de quitter la presse. Le sujet, à une semaine du premier tour ? Le pic de pollution de plusieurs jours dans le ciel parisien, au bleu parfait, si trompeur, qui a entraîné la mesure de circulation alternée, lundi 17 mars. Mme Hidalgo vient de rappeler avec quels mots la droite avait voulu discréditer les couloirs de bus, le tramway, la voiture électrique – un projet de « peu d’avenir ».
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La voilà mordante, déterminée. Bien loin de son interminable liste de remerciements du Cirque d’hiver, le 13 mars, comme si elle avait déjà gagné.
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Car, à l’instar d’un ciel d’azur pollué de particules fines, les bons sondages de la candidate socialiste recèlent un poison : l’abstention, que Mme Hidalgo redoute depuis des mois. En 2008, elle s’était élevée à plus de 42 % au premier tour à Paris, soit sept points au-dessus de la moyenne nationale. Paradoxe, dans cette ville de surdiplômés, où le sens civique devrait jouer.
DIFFÉRENTIEL DROITE-GAUCHE
Aucun sondeur ne se risque à prédire avec aplomb où se situera la jauge dans ce domaine. Mais quelques indications donnent la tendance : dans l’enquête IFOP-Fiducial réalisée pour Paris-Match du 7 au 11 mars, Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP, a testé un indicateur de participation, jamais publié. Sur 1 053 personnes interrogées, 64 % des électeurs de droite déclarent vouloir aller voter, contre 59 % de gauche. Ce différentiel droite-gauche s’est légèrement accentué depuis fin janvier, passant de 3 à 5 points.
Seule consolation pour Mme Hidalgo face à cette mobilisation supérieure de la droite – dont l’électorat est plus vieux –, l’abstention toucherait moins les socialistes que les écologistes d’EELV ou le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon. Si 70 % des électeurs de l’UMP déclarent vouloir aller voter, ils ne sont que 51 % chez EELV, 61 % au PG et 63 % au PS. Soit une différence de sept points entre UMP et PS. Pour ces derniers cependant, l’intention de vote a progressé légèrement depuis janvier. « Le PS, conclut M. Dabi, semble tirer son épingle du jeu au sein de la gauche. »
Quoi qu’il en soit, le mot d’ordre est à la mobilisation générale parmi les partisans de Mme Hidalgo pour cette dernière ligne droite. Non que la campagne, soigneusement pensée, ait été menée avec la moindre désinvolture au prétexte que la candidate était toujours donnée gagnante au second tour. Elle n’a jamais sous-estimé la difficulté que pouvait constituer un vote sanction contre le gouvernement, gonflant les bataillons des abstentionnistes.
TROIS ARGUMENTS : « LE TERRAIN, LE TERRAIN, LE TERRAIN »
Devant ce danger, le codirecteur de campagne, Jean-Louis Missika, brandit trois arguments : « Le terrain, le terrain, le terrain », comme Tony Blair martelait ses trois priorités : « L’éducation, l’éducation et l’éducation. » Les candidats se désespèrent des cafouillages gouvernementaux de la semaine passée ou de la faible cote de François Hollande : « Cela n’aide pas, soupirent-ils, mais on continue à frapper aux portes, comme on le fait depuis le mois de novembre. »
Dimanche matin, dans le 2e arrondissement, la tête de liste du PS, Véronique Levieux, qui arpentait la rue Montorgueil avec la comédienne Danièle Evenou, assurait avoir « fait tout l’arrondissement ». Mais il est petit, de gauche – elle espère ravir la place au Vert Jacques Boutault –, la droite y est terriblement divisée, et l’on ne compte plus les immeubles à Digicode et Interphone, comme dans tout Paris.
L’objectif que Mme Hidalgo s’est fixé – « 200 000 portes frappées » avant la fin de la campagne – ne sera peut-être pas atteint mais ses équipes espèrent s’en approcher le plus possible. Un dernier coup de collier sera donné, mercredi 19, jeudi 20 et vendredi 21 mars, pour les trois derniers jours de la campagne officielle.
UNE APPLICATION SUR SMARTPHONE
« Ce sont des actions ciblées, combinaison d’une vingtaine de facteurs établis en fonction des résultats des bureaux de vote, des données de l’Insee, d’indicateurs économiques », explique l’un des experts chargés de piloter le logiciel. « Et d’autres trucs qui se transmettent de druide en druide ! », plaisante Bruno Julliard, l’un des porte-parole, car chaque équipe garde ses secrets stratégiques.
Pas de potion magique, mais une application sur smartphone qui permet de savoir où l’on met les pieds et de renvoyer un bilan. En zone jaune, inutile de frapper, chez un électorat perdu d’avance ou solidement acquis. En zone orange ou rouge, il est plus ou moins urgent d’agir sur un marais d’indécis, mobilisable ou récupérable, comme une partie des centristes. A la suite de la visite, les militants remplissent quelques données sur l’accueil qu’ils ont reçu, les thèmes abordés, le passage, ou non, de l’adversaire avant eux, afin de mieux cibler leur prochaine démarche.
Cette technique, greffée sur le b.a.-ba ancestral des campagnes, s’inspire de celle utilisée par Barack Obama et copiée en 2012 par François Hollande. Elle permet de confirmer, en tenant compte du biais introduit par le ressenti des militants, des mouvements d’opinion sur la fiscalité, le pouvoir d’achat, les rythmes scolaires. Mais, avec ou sans logiciel, Mme Hidalgo avait compris que la priorité des Parisiens était le logement, dans tous les quartiers.
Les militants et les têtes de liste ne font pas tout. Son aura devra jouer un rôle. « Elle rassemble bien son camp. Elle mord sur Mélenchon et prend un gros quart de l’électorat Bayrou », estime M. Dabi. Mais pour savoir si elle a réussi le pari de la mobilisation, il faudra attendre le dimanche 23 mars. A la mi-journée, elle sera fixée.
Source Article from http://www.lemonde.fr/paris/article/2014/03/17/a-paris-anne-hidalgo-redoute-un-pic-d-abstention_4384178_1779311.html
Source : Gros plan – Google Actualités
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